En mai 2017, un groupe d’usagères sensibilisées est parti de Liège à la rencontre des femmes de Thessalonique. Ensemble, elles ont développé la pratique de l’intervention féministe et échangé leur savoir-faire. Leur but est de tisser un réseau international solidaire avant d’envisager un jumelage et ainsi pérenniser leurs relations.
Projet de jumelage de Maisons des Femmes
Women’s Solidarity Venue
En Grèce, la crise économique et sociale de 2008 a pris une envergure démesurée et les politiques d’austérité qui ont suivi et perduré pendant des années ont entraîné une paupérisation croissante qui touche en particulier les femmes. L’accès aux soins de santé est difficile, les jeunes diplômé·e·s fuient le pays, l’espérance de vie est en baisse, la mortalité infantile est très inquiétante.
A Thessalonique, des femmes se sont fédérées autour d’un collectif mené par Voula Taki et ont créé une Maison des Femmes (La Women’s Solidarity Venue) avec comme slogan ‘Aucune femme seule dans la Crise’. Cette maison est fondée sur l’autogestion et la solidarité afin de permettre aux femmes de se soutenir et de disposer d’un espace collectif pour s’exprimer.
En agissant toutes ensembles pour trouver des solutions collectives, elles ont par exemple réussi à rétablir l’électricité qui avait été coupées dans certaines maisons. Nombreuses à être confrontées à ce même problème, elles ne parvenaient pas de façon individuelle à négocier avec le fournisseur. Travaillant en groupe dans des actions collectives, elles ont réussi à faire rétablir l’électricité dans tous les foyers. Ce genre de victoire donne le courage de continuer à lutter pour résoudre les nouveaux problèmes qui, malheureusement ne manquent pas de se présenter.
La Maison des Femmes d’ici et d’ailleurs
A la Maison des Femmes d’ici et d’ailleurs de Liège, nous avons mené une réflexion avec un groupe d’usagères qui le désirait sur ces notions de crise, de dette publique, de l’importance de défendre notre sécurité sociale et de participer aux débats citoyens. Nous nous sommes informés, avons discuté et échangé nos trucs et astuces du quotidien, nous avons partagé nos savoirs et avons tenté d’apprendre également comment vivent les femmes en Europe et plus particulièrement en Grèce.
Dans le courant du mois de mai, notre petit groupe d’usagères sensibilisées est allé à la rencontre des femmes de Thessalonique dans le but de développer la pratique de l’intervention féministe, d’échanger le savoir-faire entre nos deux maisons et de tisser un réseau international solidaire avant d’envisager un jumelage et ainsi pérenniser nos relations. L’objectif de ce bel échange : démontrer que des alternatives au modèle actuel de société peuvent naître de l’Empowerment (1) des femmes.
(1) Empowerment : processus qui vise à permettre aux individus, aux communautés, aux organisations d’avoir plus de pouvoir d’action et de décision, plus d’influence sur leur environnement et leur vie.
Séjour à Thessalonique
La rencontre
Nous voilà rassemblées à la Maison des Femmes d’ici et d’ailleurs de Liège, à la fois joyeuses et un peu inquiètes, nous vérifions le poids de nos valises en attendant la navette. C’est parti ! Arrivées à Thessalonique avec un peu d’avance, nous sautons dans un bus serrées façon sardines et attendons patiemment notre arrêt… qui ne semble pas exister !
Nous sortons sur les encouragements virulents du chauffeur. Une femme dans la même situation que nous, nous guide gentiment au travers des rues de la grande ville afin de rejoindre notre hôtel. Il fait nuit, il fait chaud et la ville est vivante : nous ne tardons pas à trouver un restaurant pour la fin de soirée.
Le lendemain, après le petit déjeuner et la réunion qui deviendra rituelle, nous partons à pied pour rejoindre la Women’s Solidarity Venue. Bien-sûr, il faut quelques minutes pour se mettre à l’aise, mais après un café grec, de succulentes spécialités, et quelques pas de Sirtaki du Monde, nous nous installons pour échanger sur le fonctionnement de nos deux maisons. La rencontre est chaleureuse, nous sentons que nos homologues sont touchées par notre démarche, aussi symbolique qu’elle soit.
Et puis, une grève des bus bouleverse notre programme : qu’à cela ne tienne, nous nous joignons à la manifestation contre l’austérité sous la bannière grecque ‘Aucune Femme seule durant la crise’ le matin, et gravissons les sommets de la ville l’après-midi. Ni l’orage essuyé, ni les 15km à pied n’auront usé notre détermination et notre bonne humeur. En pêle-mêle le reste du séjour s’organise autour de visites de musées, de balades en bus touristique et en bateau, de repas partagés, de rencontres, de promenades dans la ville, d’un portefeuille volé et d’une cagnotte spontanément organisée…
Nous avons éprouvé la solidarité, trouvé des alternatives, pris la température de la situation vécue en Grèce par les femmes, gagné en autonomie et ajouté une expérience à nos vies. La prochaine étape du projet : faire venir nos camarades grecques à Liège et consolider nos relations pour constituer un réseau d’entraide féministe et international.
Faire découvrir Liège
Se revoir
Début novembre 2018, le groupe a invité une délégation de la Women’s Solidarity Venue (la maison des femmes de Thessalonique) à venir à leur rencontre pour visiter la Maison des Femmes d’ici et d’ailleurs de Liège. A cette occasion, nous avons organisé la projection du documentaire ‘Se revoir’. Le documentaire a été réalisé en partie avec des images collectées lors du séjour à Thessalonique. Les femmes se sont chargées de l’organisation du séjour : accueil, animations, soirée projection, échanges et visites culturelles avec pour objectif de présenter en retour le fonctionnement de notre maison liégeoise et également de renforcer le réseau de Solidarité internationale.
Contact
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